Emmanuelle de Héricourt est, au début des années 2000, la femme de l’ombre de l’electronica française. Elle ne fait que de rares mais sublimes apparitions sur les albums de Hypo, de Anne Laplantine et sur les compilations du label Active Suspension. Mais si ses apparitions se font rares, c’est qu’EDH n’est pas physiquement présente à Paris au moment où un mini buzz pousse ses pairs sous les projecteurs de la « French Touch off ».
En effet, en 2001, EDH est en pleine déprime à New York.
Désœuvrée et désargentée, elle erre dans un appartement vide de Manhattan et n’a pour activité officielle qu’un emploi précaire de VJ à la Knitting Factory.
Le reste du temps, elle le passe en autiste, avec pour seuls compagnons, un chat du Bronx et un synthétiseur rafistolé. En secret, elle se livre corps et âme à une musique de cave qui n’aurait a priori jamais pu sortir de son vieux PC.
Et c’est ce qui se serait passé si le rappeur américain Subtitle, qui dirige le label Matte Black Editions à Los Angeles, n'eusse mis la main sur les dossiers secrets d'Emmanuelle, pour nous livrer un album dont la beauté n’a d’égal que la tristesse.
« New York Tracks » est une route solitaire semée d’embûches. Une progression lente et prudente, à la lampe torche, vers des retranchements qui frôlent souvent la folie. Un chemin de croix qui traverse des contrées cendrées, où seule l’abstraction fait figure d’oasis. On croise tour à tour le fantôme de Nico, la poisse du « Geek The Girl » de Lisa Germano, la noirceur du « Pornography » de Cure et la vraie/fausse naïveté des Residents.
A mi parcours l’album s’ouvre pleinement sur une lumière pop avec des tubes majestueux, des bouffées salvatrices d’humour et d’autodérision, avant de retourner, comme par fatalité, à la désolation initiale.
Les perfectionnistes de la technique auront tôt fait de perdre leur temps à parler de lo-fi quand il s’agit simplement de la condition sine qua non à l’expression d’une fragilité magnifique.
Depuis son retour à Paris, Emmanuelle de Héricourt a sorti plusieurs albums (dont un au Japon sur le label Intik), elle a monté le groupe ii avec le guitariste de La Chatte, et a co-écrit, avec Hypo, l’album « The Correct Use Of Pets » qui a remporté le premier prix aux Qwartz Electronic Music Awards de 2007. Elle contribue d’ailleurs au nouvel album de Hypo qui paraîtra en janvier sur le label Tsunami-Addiction (dDamage, Milkymee, La Chatte).
EDH vient également de sortir un EP vinyle 6 titres sur le label Lentonia Records (A&E, Elmapi) qui éditera aussi son prochain album début 2010.
A.K
www.matteblackeditions.com
www.myspace.com/emmanuelledehericourt
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